Lien copié

Étudier moins, étudier mieux

Qui ne voudrait pas mieux réussir ses examens sans passer tout son temps à étudier? Bonne nouvelle, réussir au cégep n’est pas forcément synonyme de travail acharné! Nos connaissances actuelles du cerveau peuvent nous servir à développer des stratégies d’étude pour améliorer nos résultats tout en passant au final moins de temps à étudier. 

Stratégie #1 : Espacer ses révisions

Le cerveau mémorise mieux lorsqu’il fait des efforts. Si l’on apprend une information et qu’on la révise ensuite tous les jours, elle est encore toute fraîche dans notre tête à chaque révision. Il est alors trop facile d’aller la retrouver dans notre mémoire. Il faut donc espacer les révisions pour augmenter un peu la difficulté. Cela demande plus d’effort, mais on sera récompensé! L’information apprise ainsi sera plus solidement ancrée en mémoire et aura donc moins de chances d’être oubliée.

À quoi ressemble une étude idéale? On commence par une première séance d’apprentissage et une révision le lendemain. Ensuite, on attend 2-3 jours avant de faire une autre séance de révision, et ainsi de suite en augmentant progressivement le délai entre les séances de révisions jusqu’à ce qu’il soit facile d’aller chercher l’information, même après un délai de plusieurs jours.

Article scientifique : Carpenter et al. (2012)

Stratégie #2 : Se distraire, rêvasser

Le meilleur moyen de faire fonctionner longtemps notre cerveau est de lui accorder de courtes pauses régulièrement. Dépendamment de notre âge et de l’exigence de la tâche, on peut utiliser différents rythmes : 50 minutes de travail avec des pauses de 10 minutes, 25 minutes de travail avec des pauses de 5 minutes, ou même 15 minutes de travail avec des pauses d’une minute. On appelle ça des micro-pauses. Pendant ces micro-pauses, on laisse notre cerveau se reposer! On fait donc une activité agréable, distrayante, qui nous permet de nous ressourcer : marcher quelques minutes, s’étirer, regarder par la fenêtre en rêvassant, écouter de la musique et même faire une petite tournée de nos réseaux sociaux! Attention, certains ont besoin d’une alarme pour respecter leur temps de pause. Dans ce cas, on peut par exemple utiliser un outil de type pomodoro.

Article scientifique : Williams & Johnson (2015)

Stratégie #3 : Aller dormir

Vous pensez ne rien faire lorsque vous dormez? Détrompez-vous, le cerveau demeure au contraire bien actif! Durant le sommeil, toutes sortes de changements physiologiques prennent place dans notre cerveau et font en sorte que ce qui a été appris durant la journée est renforcé et mieux ancré. Ainsi, une personne qui a espacé ses apprentissages par des nuits de sommeil (ou même une simple sieste!) retiendra mieux que quelqu’un qui n’a pas dormi entre ses différentes sessions d’étude. Chaque personne n’a pas besoin du même nombre d’heures de sommeil, mais les chercheurs s’entendent sur le fait que les adultes nécessitent en moyenne de 8 heures de sommeil. Si des difficultés d’endormissement surviennent, on peut analyser son rythme de vie pour voir ce qui pourrait nuire au sommeil. Les recommandations actuelles suggèrent de ne pas utiliser d’écran (tablette, téléphone) dans l’heure qui précède le coucher. Les boissons stimulantes (café, boissons énergisantes) peuvent également nuire à l’endormissement et devraient être évitées dès le début d’après-midi.

Voici le pourcentage d’oublis d’un groupe de personnes qui devaient apprendre les traductions allemandes de 2 listes de mots et les rappeler un jour plus tard. Pour l’une des listes de mots, les participants de l’expérience n’ont pas eu le droit de dormir dans les premières heures suivant leur séance d’apprentissage tandis que pour l’autre liste de mots, ils ont reçu pour instruction d’aller dormir juste après leur apprentissage. Programmer ses séances d’apprentissage avant une sieste ou une nuit de sommeil est donc judicieux.

Article scientifique : Gais, Lucas, & Born (2006)

Stratégie #4 : Bouger, danser!

Un peu d’activité physique permet en effet d’améliorer les performances du cerveau! Cette activité augmente l’apport d’oxygène et de sucre au cerveau en accélérant la vitesse de circulation sanguine. Le sport participe également à la création de nouvelles connexions entre les neurones et produit des hormones qui aident à se concentrer et à fournir des efforts soutenus (en plus de produire des endorphines qui procurent un sentiment de bien-être!). Il existe différentes façons d’intégrer un peu d’activité physique dans son étude, comme utiliser les micro-pauses pour danser sur sa musique préférée ou faire de très courts exercices physiques (comme des jumping jack), ou bien réviser tout en se promenant.

Article scientifique : Pesce et al. (2009)

Stratégie #5 : Inviter ses amis

Travailler avec ses amis et organiser un atelier quiz est une excellente façon de réviser. Relire passivement ses notes de cours n’amène au contraire que peu de bénéfices. Lorsqu’on fait l’exercice de chercher une information en mémoire (via un quiz), l’effort que l’on fait permet de créer des connexions entre les neurones, soit un chemin dans notre cerveau entre la question et la réponse. Plus on se teste ainsi, plus on augmente les chances de retrouver rapidement cette information la prochaine fois qu’on en aura besoin (comme le jour d’un examen!). De plus, faire l’exercice de répondre clairement aux questions pour qu’un ami comprenne nous permet de nous assurer de notre compréhension de la matière.

Article scientifique : Karpicke & Blunt (2011)

À propos des auteures

FrederiqueEscudier


Dre Frédérique Escudier est neuropsychologue et s'est spécialisée dans les stratégies d’études favorisant le succès scolaire. Elle travaille comme neuropsychologue clinicienne avec des personnes éprouvant des difficultés scolaires, notamment dans un contexte de troubles neurodéveloppementaux. Elle est également la coordonnatrice scientifique d’un organisme ayant pour mission de développer le potentiel de personnes aux prises avec un trouble d’apprentissage (Institut TA). Lors de ses études doctorales, elle a créé et validé un test évaluant les capacités de prise de décision et elle termine actuellement un post-doctorat sur les atteintes de prise de décision lors de lésions cérébrales. Elle est la présidente de l'Association québécoise des neuropsychologues (AQNP) qu'elle a cofondé en 2012.

Karen Debas


Dre Karen Debas est neuropsychologue diplômée de l’Université de Montréal. Sa thèse doctorale s’est intéressée aux mécanismes cérébraux impliqués dans la mémoire et les influences du sommeil sur les performances. Elle a débuté sa carrière au centre étudiant du soutien à l’apprentissage de l’Université de Montréal, afin de soutenir les étudiants en difficulté. Elle a ainsi pu constater les avantages d’une bonne compréhension du fonctionnement cognitif pour les étudiants. Depuis les trois dernières années elle travaille dans le réseau public comme clinicienne auprès d’une population gériatrique et comme formatrice auprès des intervenants.

Cet article vous a été proposé grâce à la collaboration de l'Association québécoise des neuropsychologues (AQPN). Il a été préalablement publié sur le site de l’AQPN.